Le théâtre au XVII siècle
Le XVIIe siècle est
incontestablement une des grandes périodes théâtrales en France. Après une
désaffection qui a marqué le XVI siècle, le public reprend goût au
théâtre ; mais grâce à un concours de circonstances particulièrement
heureux qui conjugue la qualité des auteurs dramatiques, la considération de
Louis XIV et le développement de lieux de représentation stables, le théâtre
français atteint un véritable apogée. En fait, dès le début du siècle, Louis
XIII et Richelieu donnent déjà une forte impulsion à l'expression théâtrale. Le
Premier ministre est amoureux du théâtre et encourage fortement le mécénat en
sa faveur. Le roi, qui s'aligne sur sa politique culturelle, installe
officiellement à l'Hôtel de Bourgogne[1], à
Paris, une troupe qui prend dès lors le titre de “Comédiens du roi ”. Il publie
par ailleurs, en 1641, une déclaration qui affirme la dignité de la profession
de comédien et fait taire, pour quelque temps, la querelle sur le théâtre
entretenue par l'Église.
Sous le règne de Louis XIV, le
théâtre se développe considérablement et devient à la mode ; d'autres
troupes[2],
comme celle du Marais, ou plus tard celle de Molière, entrent en concurrence avec
les “ Comédiens du roi ” et l'émulation est stimulante pour la production
autant que l'évolution des genres. L'influence étrangère, qui vient d'Italie et
d'Espagne, est aussi source de dynamisme et de renouvellement. Ainsi, les
Comédiens italiens, présents à Paris tout au long du siècle, font évoluer la
mise en scène avec l'introduction du théâtre à machines et avec un jeu
d'acteurs qui donne une place importante au mouvement et à la gestuelle.
Au début du siècle, le théâtre
n'est pas un genre fort noble : il est joué par des comédiens nomades, devant
un public plutôt grossier. Le répertoire est alors assez pauvre, constitué
surtout de pastorales. À la fin du siècle, c'est un tout autre tableau.
Dans ce siècle dominé par
le classicisme, la distinction entre les genres théâtraux est
nette : la tragédie et la comédie ont des
caractéristiques propres, qu'un auteur se doit de respecter (il existe
cependant quelques formes « mêlées » : Le Cid, de
Corneille, est ainsi une tragicomédie)[3].
LA TRAGEDIE "[...] est la représentation d'une action noble, menée jusqu`à son
terme et ayant une certaine étendue, [...]" Aristote, la Poétique.
Elle met en scène une action noble et donc des personnages
nobles (rois, reines, grands nobles).
Le héros tragique a toutes les qualités nobles (courage, générosité, noblesse de sentiments, etc.) mais il est victime de forces qui le dépassent et qui provoqueront sa chute. La tragédie doit réaliser la catharsis, la purgation des passions par la pitié et la terreur. La tragédie raconte le renversement du bonheur au malheur. La mort du héros constitue le dénouement typique d'une tragédie mais la mort n'est pas obligatoire du moment où le retour à la situation initiale heureuse est impossible. On ne peut pas mettre en scène un grand personnage de l'époque donc la plupart des pièces sont tirées de l'Antiquité grecque (Racine) ou romaine (Corneille).
Le héros tragique a toutes les qualités nobles (courage, générosité, noblesse de sentiments, etc.) mais il est victime de forces qui le dépassent et qui provoqueront sa chute. La tragédie doit réaliser la catharsis, la purgation des passions par la pitié et la terreur. La tragédie raconte le renversement du bonheur au malheur. La mort du héros constitue le dénouement typique d'une tragédie mais la mort n'est pas obligatoire du moment où le retour à la situation initiale heureuse est impossible. On ne peut pas mettre en scène un grand personnage de l'époque donc la plupart des pièces sont tirées de l'Antiquité grecque (Racine) ou romaine (Corneille).
LA COMEDIE met en scène une action basse et donc des personnages
bas (normalement des bourgeois mais parfois des paysans). Il est donc
permis de représenter des gens de l'époque. Normalement on critique un défaut
commun (avarice, sottise, hypocrisie, infidélité, ambition démesurée). La
comédie raconte le renversement du malheur au bonheur. Le dénouement
typique d'une comédie est le mariage (même si le jeune couple n'est pas
toujours au premier plan).
Comédie |
Tragédie
|
Personnages de bourgeois
|
Personnages nobles
|
Sujet = famille, vie sociale,
argent, amour (sphère privée)
|
Sujet = pouvoir, politique,
amour (sphère publique)
|
Forme assez libre ; vers
ou prose
|
Cinq actes ; vers
|
Registre comique et fin
heureuse
|
Registre et dénouement tragiques
|
Unité de lieu, de temps,
d'action
|
Unité de lieu, de temps,
d'action
|
Règles du théâtre
La théâtre est soumis à une série
de règles, la bienséance, la vraisemblance, et les
trois unités (unités de temps, de lieu, et d'action).
La bienséance (adjectif bienséant)
- ce qu'il est permis de montrer sur la scène sans choquer le public de
l'époque. Elle est donc variable d'une époque à une autre et d'une culture à
une autre. (Pensez à l'évolution de ce qu'on montre à la télévision au cours
des 30 dernières années.) On ne montre sur la scène ni la violence, ni la mort
sanglante ni le contact physique. La bienséance rend le théâtre tragique un
théâtre surtout de paroles.
Ce qu'on ne doit point voir,
qu'un récit nous l'expose,
Les yeux en la voyant saisiront mieux la chose;
Mais il est des objets que l'art judicieux
Doit offrir à l'oreille et reculer des yeux.
Les yeux en la voyant saisiront mieux la chose;
Mais il est des objets que l'art judicieux
Doit offrir à l'oreille et reculer des yeux.
(Boileau, l'Art poétique,
1674, édition de Guy Riegert, (Paris: Larousse, 1972) chant III, vv.51-54)
La vraisemblance - (adjectif vraisemblable) ce qui semble
croyable dans l'attente du public. La vraisemblance est conditionnée par
l'époque et par le genre. Elle est affaire de préparation psychologique de la
part de l'auteur et doit se distinguer de la vérité. En termes très
simples, la vérité présente ce qui est, la vraisemblance ce qui devrait être. Pour
Boileau:
Jamais au spectateur n'offrez
rien d'incroyable:
Le vrai peut quelquefois n'être pas vraisemblable.
vv.47-48.
Le vrai peut quelquefois n'être pas vraisemblable.
vv.47-48.
Les trois unités
Les trois unités s'appliquent également à la
tragédie et à la comédie.
Qu'en un jour,
qu'en un lieu, un seul acte accompli
Tienne jusqu'à la fin le théâtre rempli.
Boileau vv.45-46.
Tienne jusqu'à la fin le théâtre rempli.
Boileau vv.45-46.
Unité d'action (appelée aussi unité de péril) - la
pièce ne met en scène qu'une seule action principale. Il peut y avoir des
intrigues secondaires mais ces dernières doivent trouver leur résolution au
plus tard en même temps que l'action principale. Une fois échappé au danger qui
le menace, le héros ne doit pas s'affronter à un nouveau péril qui n'est pas
une conséquence directe du premier.
Unité de temps: (appelée aussi unité de jour ou la
règle des 24 heures) - toute l'action représentée est censée avoir lieu
dans un seul jour. Racine voulait rapprocher le plus possible la durée de la
représentation à la durée de l'histoire (c’est-à-dire environ trois heures)
mais Corneille voyait la question de façon plus large et admettait que
certaines de ses pièces dépassaient légèrement les 24 heures.
Unité de lieu - toute l'action
représentée se déroule dans un seul endroit. On ne peut pas montrer un champ de
bataille et ensuite l'intérieur d'un palais. Pour la tragédie, on choisit le
plus souvent une salle commune à l'intérieur d'un palais mais Corneille croyait
qu'on pouvait représenter différentes salles dans un même palais. La comédie
préfère une salle dans une maison bourgeoise ou un carrefour public. L'unité de
lieu exige des récits de ce qui se passe ailleurs, les récits de combats
notamment (où la question de la bienséance joue aussi).
LA TRAGI-COMÉDIE
La tragédie ne doit pas être confondue
avec la tragi-comédie, genre voisin qui s'est développé à l'âge baroque (de la
Renaissance à l'époque classique : XVIe - XVIIe siècle) et dont le nom signifie
« tragédie qui finit bien ».
La tragi-comédie diffère de la
tragédie par :
sa liberté envers les règles des
trois unités – une tragi-comédie peut compter plusieurs intrigues, se dérouler
sur plusieurs jours, mois ou années, utiliser plusieurs décors – et les règles
de la vraisemblance et de la bienséance ;
la multiplication d'événements
romanesques (enlèvements, assassinats, retrouvailles spectaculaires...) ;
son goût pour le coup de théâtre.
[1] Au début du siècle, Paris ne possède qu'une seule salle
de théâtre : l'Hôtel de Bourgogne, alors occupée par la Troupe Royale. C'est
Louis XIII qui, permettant à la troupe de prendre ce nom, donna aux comédiens
une situation officielle privilégiée. Peu à peu, d'autres troupes s'installent
dans d'autres Hôtels de Paris : le théâtre du Marais (1600-1673) sous la
direction du tragédien Mondory ; la troupe de Molière (1658-1680) au
Petit-Bourbon – puis au Palais-Royal, bâti par Richelieu – ; la
Comédie-Française (1680), issue de la fusion des troupes de l'Hôtel Guénégaud
et de l'Hôtel de Bourgogne par ordre du roi.
[2] Parmi les troupes de campagne, celles de
Molière, de Filandre et de Floridor sont les plus connues.
[3] Les auteurs les plus célèbres de ce
siècle sont Molière pour la comédie, Corneille et Racine pour la tragédie.
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